Mon premier Ice Swimming
Ice swimming - Burghausen 2017 – World Championships – German open 05-01-2017 / 08-01-2017
Je n'avais pas vraiment prévu de commencer l'année 2017 en nageant sous la neige dans une eau à 2° mais c'est chose faîte et ce fut pour moi une très belle expérience. On m'a proposé de faire partie de l'équipe de France d'Ice Swimming car il manquait une candidate féminine pour monter une équipe mixte de relais et j'ai dit OUI. L'occasion ne se présente pas tous les jours. J'ai donc eu la chance de nager un relais 4 x 25 m et un relais 4 x 100 m avec Denis Colombe, Philippe Fort et Jacques Tuset, trois nageurs français très expérimentés du monde l'eau libre et venus en Allemagne pour nager la distance reine du 1 km. Il y avait également deux autres nageurs Alexandre Fleury et William Bonnet venus également pour nager le 1 km. Une autre nageuse française, Laurence Dalboussière qui avait déjà participé aux derniers championnats du monde d’Ice Swimming à Tyumen en Russie en 2015 était aussi présente.
J'ai écouté les nombreux conseils d'Alexandre Fuzeau (président de la FRISA French Ice Swimming Association), l'association française des nageurs en eaux glacées. Expert en nage en eau froide depuis quelques années déjà et également médecin, il a su me conseiller. Denis Colombe m'a dit "Lucie, tu nages souple et tu penses à respirer". Jacques Tuset m'a dit la veille au soir "Lucie va te coucher" et Philippe Fort était présent à la sortie de l’eau où l’on n’est pas mécontent d’avoir de l’aide au cas où. J'ai donc été bien entourée le dimanche matin à 9 h 15 pour nager mon 500 m nage libre sous la neige dans une eau à 2°.
Très stressée la veille, le moment venu ça allait mieux. On a nagé dans un lac aménagé en piscine de 25 m et la descente et sortie de l’eau se font par une échelle en bois. L’entrée au bord de l’eau se fait en musique sous les cloches d’AC/DC (Hells Bells). Le speaker présente les nageuses et leur nationalité ; c’est assez émouvant d’entendre son nom. Puis la musique s’arrête, on entend au micro “take off your clothes” puis “please go into the water”, “on your marks” et le bip de départ. La culbute est interdite mais de toute manière on n’a pas vraiment envie de la faire, on touche le mur. Le début de course se passe bien, je trouve mon rythme, sur mes premiers 200 m puis mes bras commencent à se raidir. Les 300 derniers mètres sont beaucoup plus compliqués. J'avais beaucoup moins de souffle et pas du tout envie de boire de l'eau très froide. En sortant de l'eau j'avais très mal aux mains, les pieds congelés comme à mon habitude mais ça allait. On m'a amené dans une tente chauffée pour m'appliquer des serviettes chaudes humides sur le corps ce qui permet un réchauffement plus progressif avant d'aller au sauna ou dans un bain d'eau chaude. La récupération doit être active, ce n'est pas le moment de s'endormir me dit Alexandre Fuzeau. Le corps doit se réchauffer en tremblant pour remonter en température rapidement. J'avais expérimenté l'eau "fraîche" depuis ma préparation pour la traversée de la Manche en relais avec Jacques Tuset dans une eau à 15° au mois d'Avril 2016. Puis j'ai continué les entraînements avec l'Ois'eau libre de Philippe Fort avec qui on peut nager dans un lac dans l'Oise tous les dimanches matins et toute l'année.
Nous avons participé avec le club à la traversée de l'Oise dans une eau à 3°. C'était donc ma première expérience aussi longue de natation dans une eau si froide dans laquelle je suis restée 8'47’’ pour nager 500 m. Je suis très contente d'avoir eu la chance de vivre cette expérience. J'espère avoir donner envie à d'autres candidates féminines de nager en eau glacée car les nageuses irlandaises et anglaises sont largement représentées. L'univers de l'Ice Swimming est très convivial. J'ai été très bien accueilli par les nageuses de ma catégorie comme l’Américaine Jaimie Monahan et l’irlandaise Carmel Collins. C'est avant tout une petite victoire sur moi-même, car on se demande un peu pourquoi on fait ça et puis on y arrive. On sort de sa zone de confort pour atteindre une zone magique qui est le dépassement de soi. L'endorphine y est peut-être aussi pour beaucoup mais on y prend goût. L'Ice Swimming me fait découvrir tout ça, on se sent plus forte et en même temps tellement vulnérable. On se sent vivant, la vie commence peut-être quand on sort de notre zone de confort…
Lucie Allemand